Depuis des millions d’années, la rencontre entre l’eau douce et l’eau salée produit un phénomène mystérieux : l’osmose. Cette énergie, longtemps négligée, pourrait bientôt changer la donne dans le paysage énergétique mondial. Grâce à la découverte révolutionnaire du physicien Lydéric Bocquet du CNRS, une start-up rennaise nommée Sweetch Energy se lance dans une quête pour exploiter pleinement ce potentiel inexploité.
Bocquet, travaillant initialement sur les effets des différences de concentration en sel dans un contexte différent, a découvert par hasard un matériau innovant capable de convertir l’énergie osmotique en électricité. Cette découverte fortuite ouvre la voie à une nouvelle ère dans la production d’énergie propre et renouvelable.
La technologie développée par Sweetch Energy repose sur des membranes révolutionnaires fabriquées à partir de cellulose, offrant une alternative plus économique et écologique aux membranes traditionnelles coûteuses. Ces membranes permettent de générer d’importants courants ioniques lors de la rencontre entre l’eau douce et l’eau salée, ouvrant ainsi la porte à une production d’électricité continue et non intermittente.
Avec un modèle en constante évolution, la start-up vise à augmenter la puissance de production d’électricité, visant à égaler celle des panneaux photovoltaïques. Leur projet pilote, situé sur l’écluse de Barcarin dans le sud de la France, représente une première mondiale dans l’exploitation commerciale de l’énergie osmotique.
Sweetch Energy ne compte pas s’arrêter là. Forte d’une nouvelle levée de fonds de 25 millions d’euros, l’entreprise ambitionne de devenir le leader mondial de l’énergie osmotique. Leur objectif ultime est de réduire la dépendance aux énergies carbonées en offrant une source d’énergie propre, continue et abondante.
Avec des scientifiques et des entrepreneurs passionnés à la barre, l’énergie osmotique pourrait bientôt représenter jusqu’à 20 % de l’ensemble des énergies renouvelables à l’échelle mondiale. Sweetch Energy et ses partenaires ont foi en la magie de l’eau, qui pourrait bien être la clé pour un avenir énergétique plus durable.
Remarques personnelles
Bien que l’énergie osmotique présente un potentiel considérable, des interrogations subsistent quant à son rendement optimal, son impact écologique et son viabilité économique à grande échelle. Malgré les avancées technologiques, la conversion de l’osmose en électricité pourrait nécessiter des améliorations pour atteindre des rendements compétitifs par rapport à d’autres sources d’énergie. De plus, l’installation d’usines osmotiques pourrait avoir un impact sur la biodiversité des cours d’eau, des estuaires et des deltas, nécessitant une évaluation approfondie des conséquences environnementales. Enfin, bien que les membranes innovantes de Sweetch Energy offrent une alternative écologique, leur coût de production et leur rentabilité à grande échelle restent des défis à relever pour une adoption généralisée.
Source : L’énergie bleue du futur ? | Reportage CNRS
CNRS
05/04/2024