Dans le paysage complexe de la pensée contemporaine, la quête de la vérité et de la liberté intellectuelle trouve un guide en la personne de Nathan De Vert, philosophe et enseignant à l’université de Bordeaux. Au cœur de son récit, “Penser contre soi-même” devient une boussole pour naviguer dans un monde où les certitudes semblent prédominer. Lors de notre récente conversation avec De Vert, nous avons extrait des moments clés qui éclairent le chemin vers une pensée critique, la liberté temporaire, et l’importance de maintenir une quête ouverte dans un paysage intellectuel souvent figé. Plongeons ensemble dans cette exploration philosophique fascinante avec Nathan De Vert.
Pourquoi la pensée contre soi-même est-elle cruciale ?
Nathan De Vert explique que penser contre soi-même est une démarche intellectuelle cruciale. Cela va au-delà des certitudes et des dogmatismes, favorisant l’avancement de la pensée. Échapper aux opinions politiques, aux options religieuses héritées et aux visions du monde préconçues permet de créer une quête ouverte, une exploration constante qui ne se fige pas sur un petit paquet de certitudes.
Comment échapper au conditionnement de la société ?
“Échapper à ce conditionnement, même partiellement, consiste à affronter le fait que notre existence a été conditionnée sans notre consentement”, souligne Nathan De Vert. Il encourage la création d’une marge de liberté, une quête ouverte non limitée par des dogmes religieux, des idéologies ou des représentations collectives figées.
Changer d’avis : une nécessité valorisante ?
Absolument. Changer d’avis, selon De Vert, est un élément crucial. Cela ne signifie pas être versatile, mais plutôt inscrire le changement d’avis dans un processus réfléchi. La véritable avancée de la pensée se trouve dans la capacité à dépasser les certitudes, que ce soit en philosophie, en politique, en religion, etc.
Intervention médiatique et la peur d’être programmé :
Nathan De Vert partage son approche vis-à-vis des médias. “Ce qui me préoccupe davantage, c’est de devenir une marionnette, un individu dont on connaît d’avance les opinions, un être programmable.” Il insiste sur l’importance de maintenir une relation interrogative avec le réel plutôt que d’adopter une posture de militant.
Hommage à la cigarette et la liberté temporaire :
Expliquant son hommage à la cigarette, De Vert souligne que c’est une drogue sans ivresse. La pause cigarette offre une distance temporaire vis-à-vis de la réalité, une pause qui n’est pas fusionnée avec le carcan quotidien. C’est une reconnaissance de ne pas être totalement propriétaire de soi-même, mais d’être un locataire provisoire d’une liberté.
Nommer chaque coin du pays : une révolution ou un casse-tête ?
La nouvelle obligation de nommer toutes les voies de France est une révolution pour les communes, mais le choix des noms peut devenir un casse-tête idéologique. Nommer les lieux inscrit l’histoire dans les villes, mais il reste à voir quelle excellence française émergera de ces futures rues.
Le recours à la voyance dans les médias : irréalité divertissante ?
La séquence de voyance sur Fox News est un exemple insolite de l’utilisation de pratiques ésotériques dans le contexte politique. De Vert souligne le caractère divertissant et parfois irrationnel de certains médias, rappelant le pouvoir des médias et la nécessité de rester critique.
Le rôle des jeux vidéo dans la société : une forme d’art en évolution ?
Les jeux vidéo, selon De Vert, sont un art à part entière contribuant au développement intellectuel. Cependant, comme toute forme de divertissement, ils doivent être appréciés avec modération. L’évolution des jeux vidéo souligne leur impact croissant dans notre société, même s’ils nécessitent un engagement mesuré.
En conclusion, De Vert nous invite à considérer la pensée contre soi-même comme une véritable métamorphose, une transformation qui transcende les dogmes et les idées préconçues. Au cœur de cette démarche, la nécessité d’une quête ouverte devient impérative, offrant un espace pour l’exploration continue, la remise en question et l’évasion des conditionnements.
Ainsi, cette exploration philosophique révèle que penser contre soi-même n’est pas simplement un exercice intellectuel, mais un mode de vie. C’est embrasser la complexité du réel, remettre en question nos propres certitudes, et, en fin de compte, ouvrir les portes vers une compréhension plus profonde de soi-même et du monde qui nous entoure. Dans un paysage intellectuel souvent marqué par la stagnation, la pensée contre soi-même devient une bouffée d’air frais, une invitation à la réflexion critique et à la découverte perpétuelle.
Source : Comment bousculer ses certitudes ? Le philosophe Nathan Devers invité de LCI
LCI
04/01/2024
Crédit photo © SP/PASCAL ITO